Fonction zeta
Dessiner la fonction zeta sur le plan complexe
requiert quelques manipulations mathématiques et informatiques. On va
pour cela utiliser l'équation fonctionnelle et ainsi prolonger la
fonction hors de son demi-plan de définition.
1)
Fonction Gamma
Dans cette section on tracera les graphes sur les pavés [-7,7] + i
[-7,7] sauf mention du contraire.
On aura besoin de la fonction Gamma sur
pour pouvoir définir zeta avec l'équation
fonctionnelle. À priori Gamma est définie par l'équation
Sur
le demi plan de droite, on a :
.
Pour tracer la fonction gamma sur le plan, on pourrait
travailler avec la formule intégrale, mais on va utiliser une propriété
(non triviale) de cette fonction :
qui
est plus commode pour programmer (et qui a le mérite d'être valable sur
).
Finalement cela donne le graphe suivant la
fonction Gamma :
On peut remarquer une croissance forte (du module) en
direction des
parties réelles croissantes. La fonction a des pôles sur les entiers
négatifs. Les pôles sont simples et de résidus très décroissants (en
1/n!). On peut voir que la droite réelle est stabilisée (là où la
fonction est définie). La fonction Gamma est facile à tracer, et
indispensable pour définir la fonction zeta sur tout le plan.
Une propriété notable : la fonction Gamma ne
s'annulant pas sur le plan, son inverse est holomorphe sur
. On peut donc regarder
sa singularité à l'infini non ? (voir
Singularités
pour d'autres singularités à l'infini !)
La fonction
sur [ -0.3 , 0.3 ] + i [ -0.3 , 0.3 ] :
Nice n'est ce pas ? À droite de 0, la noirceur des
points témoigne de l'explosion du module de Gamma car son inverse
est très faible. De l'autre côté une suite de zéros de la fonction
converge vers 0. Ils sont de plus en plus discrets à l'approche de
l'origine.
La valeur de cette image est à ne pas
surestimer, c'est un des dessins pour lesquel j'ai le moins de
méthodes te tests de validité. J'ai du mal à calculer
l'équivalent
de l'erreur dans mon approximation de Gamma donc la "vraie" singularité
de Gamma n'a peut-être pas exactement cette dégaine... Mais si je l'ai
mise ici c'est quand même que je pense qu'elle est, au moins, pas loin
d'être juste.
2)
Fonction Zeta
À priori la fonction zeta est donnée par la somme
ou le produit
.
Pour chacun des deux la convergence a lieu dans le demi-plan { Re(z)
> 1 }. Cette fonction a pourtant un prolongement sur le plan
complexe, on imagine alors qu'elle aura une singularité sur la droite
de partie réelle 1. Mais en fait on peut aller plus loin que 1 grâce à
la fonction
,
qui converge jusqu'à zéro. Une relation liant
et
permet alors de
calculer
sur, par exemple, [ 0.5 , 3.5 ] + i [ -1.5 , 1.5 ] :
On peut la tracer sur tout le demi-plan de droite, à partir
de 0.
Par ailleurs sur la bande {0< Re(z)<1}, la
fonction zeta
vérifie une équation fonctionnelle. Comme elle est vérifiée sur un
ouvert elle l'est sur
:
Donc en connaissant le sinus, Gamma, et zeta sur le demi
plan de droite, on peut la prolonger informatiquement :
Fonction zeta sur le carré [-7,7] + i [-7,7] :
On voit apparaître le pôle en 1 ainsi que des zéros "triviaux" de
la fonction zeta, aux points pairs négatifs (-2,-4,-6). À
droite,
la fonction est très ressemblante à une fonction constante car elle est
très proche de 1 dès que la partie réelle du nombre évalué est grande.
Les bandes verticales viennent de la limite de calcul de mon
ordinateur, je ne peux pas aller assez loin dans les sommes qui
définissent mes fonctions.
Et Bob se dit peut-être,
"mais où sont les fameux zéros non triviaux de la fonction zeta" ? Sur
la droite de partie réelle 1/2 assurément ! et on peut en voir quelques
uns en regardant la fonction de plus loin :
Fonction zeta
sur [-50,10] + i [-30,30] :
Et voici presque 8 zéros non triviaux
de la
fonction. La bande de discontinuité apparente est à nouveau due à la
limite de la puissance informatique de mon ordinateur, je ne peux pas
demander un meilleur résultat dans un temps raisonnable.
Mais au fait, cette fonction est holomorphe sur
, on doit pouvoir
regarder sa singularité à l'infini non ? Eh oui !
La fonction
sur [ -0.3 , 0.3 ] + i [ -0.3 , 0.3 ] :
Nice aussi, on ne voit plus le pôle (car on
regarde de trop près).
Et, en y réfléchissant très fort ...
(ce qui signifie, avec un papier et un stylo pour les
mathématicien(ne)s),...
(on peut s'aider de la dernière image de la page
Fonctions modulaires si on
le souhaite, celle avec les domaines fondamentaux !),
... La suite de zéros de la fonction qu'on voit plonger de façon
verticale sur 0, n'est autre que
l'ensemble
des zéros non triviaux de la fonction zeta ! De plus,
la conjecture de Riemann
revient à voir que sur ce dessin, ils sont tous
cocentriques
! ça ne saute pas aux yeux ici (sinon j'aurais déjà gagné le
million de dollars !). D'ailleurs mon dessin ne le
vérifie probablement pas à cause de tous les facteurs d'erreur de mes
programmes.
Pour voir d'autres singularités à l'infini plongées dans le plan, voir
Page d'accueil,
Homographies ou
Singularités !
La suite ne vous intéressera que si vous souhaitez
programmer
sur votre ordinateur, ou si vous savez le faire mieux que moi !
4) Bilan des
difficultés informatiques
En fait les principales difficultés informatiques viennent de
problèmes de convergence. Par exemple, la présence du pôle en 1 de la
fonction se voit grâce à la divergence de
.
La somme partielle de cette série équivaut à Ln(N). Cela pose un
problème informatique majeur : pour dépasser 100, il faut additionner
exp(100) termes dans la série, bien au delà des possibilités d'un
ordinateur.
Pour faire apparaître le pôle, il faut ruser en
utilisant une série ALTERNEE des termes de
:
Comme cette série converge sur l'ensemble
{Re(z)>0} qui contient strictement le pôle de
, on peut sommer
jusqu'à 1 avec une convergence acceptable. Ensuite une relation simple
lie
et son copain alterné,
ce qui permet de tracer
sur un voisinage de
1.
Mais ça suffit à peine à la prolonger sur
: la relation
fonctionnelle de
est symétrique par rapport à 1. On a donc besoin de connaître
jusqu'à
{Re(z)=1/2} (à méditer, mais
min( max(x,1-x)) =0.5 ). C'est théoriquement
possible car
converge jusqu'à 0. , Mais ça requiert de sommer la fonction au pire
jusqu'à 1/2 où le problème de convergence se pose le plus. Le terme
général décroît alors en
en module, ce qui donne une convergence en
de la somme partielle, ce qui est assez nazzzze !
(en fait, on associe les termes consécutifs deux à deux dans la somme, ce sont les "paires de termes" de
qui vérifient ces propriétés)
Aux points les plus
proches de 0.5 j'ai programmé une somme jusqu'à 50 000 termes de la
suite afin d'avoir un terme général assez faible pour être
raisonnable... Ca ne permet que d'avoir une approximation des valeurs
de
l'ordre du centième, parfois pire.
On pourrait essayer de trouver un équivalent du reste partiel
au
rang N pour pouvoir améliorer ça, mais en essayant, j'ai maintes fois
échoué, jusqu'à admettre que je n'y parviendrai pas.
Si un éventuel lecteur a une
suggestion à faire pour contourner cette difficulté de convergence ou
exprimer cet équivalent, je
suis preneur. Pour m'envoyer un mail, mon adresse est :
merci d'avance !