Séries entières et
fonctions analytiques
1) Exploration d'un germe
Pour Bob, si la notion de germe de fonction analytique lui
est
étrangère, j'ai essayé de proposer une illustration du prolongement
d'un germe. Prolonger un germe, c'est
comme avancer dans une obscurité qui s'éclaire sur son passage
(de
façon permanente).
Un germe de fonction analytique est la donnée
d'un point, et d'un série entière de rayon de convergence strictement
positif. On choisit un voisinage de convergence sur lequel on "éclaire"
la fonction, et on la prolonge de proche en proche là où c'est
possible. Le prolongement local est unique par le théorème de
prolongement
analytique. On crée comme ça une fonction.
Ainsi, les valeurs d'une fonction provenant du prolongement
d'un
germe ne dépendent que du chemi suivi pour atteindre les points.
On a un germe de fonction analytique au point 1 : c'est le germe du
Log principal sur le carré
[-4,4] + i [-4,4] :
Le prolonger revient à exprimer la seule fonction analytique
coïncidant de proche en proche sur l'ouvert où on l'a éclairée. On peut le prolonger où on veut
sauf en 0. Comme il s'agit du logarithme, la fonction peut être définie
comme intégrale de
le long
d'une courbe choisie (pour une preuve mathématique), ou avec une
définition localement continue de
l'argument (pour le calcul informatique). Pour plus de détails sur la
méthode, voir "rotation du
logarithme" sur
Déterminations
!
Comme 0 est l'unique singularité intrinsèque de ce germe, on va le prolonger en tournant autour de 0 :
On le
prolonge en suivant une courbe d'arguments croissants comme ça :
Sur le disque D( 1/2
, 1-1/2 ), y<0
- sur le
disque D(1,2), y>0
Sur le disque D( 1/2
, 2-1/2 ), y<0 -
sur le
disque D(1,3), y>0
Sur le disque D( 1/2
, K-1/2 ), y<0 -
sur le
disque D(1,K), y>0 :
On voit maintenant les
discontinuités
(inhabituelles) du logarithme apparaître. Voici un cas où on
ne
peut pas recoller le germe de l'autre côté de la singularité. En fait,
le germe de départ est prolongeable le long de tout chemin de
, qui n'est pas convexe
ou étoilé (ni simplement connexe) et c'est pour ça qu'on ne peut pas
prolonger le logarithme à
.
C'est le
théorème de monodromie qui permet d'affirmer que si
U
est
convexe ou étoilé, et qu'on prend un germe G prolongeable le long
de tout chemin de U, il existe une fonction analytique sur U dont G est
un germe.
En
revanche, cette condition n'est pas nécessaire. Dans la suite, un
exemple où on peut prolonger un germe de façon analytique sur
.
2) Séries entières et fonctions analytiques
Il est raisonnable de se demander dans quelle mesure on peut
prolonger un germe de fonction analytique : cela revient à se demander
sur quel "ensemble maximal" une série entière donnée peut définir une
fonction. Un exemple aussi présent dans
Homographies
présente une série entière non prolongeable au delà du disque de
convergence :
Cette série
entière (une série
lacunaire) ne se prolonge pas au delà du disque. Elle a des
discontinuités denses dans le cercle.
Pour voir d'autres fonctions ressemblantes (et pas de façon fortuite)
RDV sur
Fonctions modulaires
!
Mais ici on va plutôt s'intéresser aux séries entières qu'on peut
prolonger
dans certaines directions. Par exemple
.
On choisit un germe de
f : au
point 2 (figure de droite) , la série de Taylor donne le germe de
f. Ce germe (comme celui du logarithme précédemment) est prolongeable partout
sauf en 0.
On peut la prolonger de proche en proche à l'aide des séries entières
tant qu'on évite 0 :
Sur l'image de gauche on voit bien que les germes se
rejoignent
de l'autre côté de la singularité sans être différents pour autant. Ce
résultat était (plus que) très prévisible : on connaît une fonction analytique définie (globalement) sur
qui coïncide avec le
germe de départ sur une boule,
est connexe, donc ils coïncident sur
.
Si Bob n'a pas saisi la différence avec le
logarithme, il
doit prendre conscience que dans le cas décrit ici, on a déjà une
expression de notre germe, qu'on sait holomorphe sur
.
C'est différent du
logarithme, qui est défini par une intégrale donc sa définition est
uniquement locale. Pour le logarithme, rien ne permet d'avoir une
définition globale sans prolonger de proche en proche.
Le prolongement d'une série de Dirichlet hors
de
son demi-plan de définition n'est pas un problème simple non plus. On
peut assimiler ces deux problèmes par homographies, les résultats sont
donc transcriptibles de l'un à l'autre. Pour une illustration du
prolongement de, pas une, mais 2 fonctions avec des demi-plans de
convergence, allez voir
Fonction zeta
!
Pour voir d'autres fonctions non prolongeables au
delà d'un disque ou demi plan, RDV sur
Fonctions
modulaires.
3) Développement en séries entières
On se propose d"étudier la série suivante
:
Une
étude rapide donne un rayon de convergence 1. Voici un tracé des sommes
partielles sur [ -1.5 , 1.5 ] + i [ -1.5 , 1.5 ] aux rangs 4 et 14 :
On voit un comportement se profiler pour la
limite au
milieu du disque. Les zéros des polynômes sont presque tous envoyés
vers le cercle de frontière, et une divergence grossière se prépare à
l'extérieur du disque. Si on continue plus loin dans la somme, tous ces
comportements s'accentuent encore :
À gauche on a tracé la somme partielle au rang 100, on peut
commencer à distinguer qu'en fait, un seul point du cercle pose
problème pour prolonger la série hors du cercle. Cela est difficile à
vérifier : pour savoir qu'on peut prolonger la fonction en un point
a, il faut à priori
vérifier que la limite est bornée sur :
pour un certain r
positif. Parfois on a une convergence ponctuelle
de la série au point
a, mais ce n'est pas nécessaire (voir exemple ci-dessus), ni
suffisant (voir l'exemple de
).
Par contre quoi qu'il arrive, la série entière de départ
n'est
plus valide pour approcher la fonction. En pratique, on peut regarder
le rayon de convergence de la série entière translatée en chaque point
du disque, et voir lesquels permettent de "s'échapper du disque". Mais
pour l'exemple que j'ai donné, on peut exprimer la
fonction sur
:
c'est
.
On peut prouver que les deux fonctions coïncident sur B(0,1), donc
sur
par connexité. La fonction est tracée à droite, et il est bien clair
que la série entière ne peut plus la décrire hors du disque de
convergence. Ce n'est que le cas pour les fonctions entières, là les
séries décrivent les fonctions sur
tout entier, ce qui leur donne de belles propriétés
(théorème de Picard, par exemple :)
Pour voir d'autres germes de fonctions analytique, RDV sur
Déterminations !